vendredi 22 juin 2012

Stewart Island


            C’est bien joli tous ces beaux paysages, mais moi ce que je voulais voir c’est du naturel, du vierge, du « untouched » comme ils disent ici. Mais pour ça, il faut quitter la civilisation…
C’est donc par un beau matin de juin, un froid matin d’hiver, que trois autres amis français et moi-même sommes partis vers Stewart Island. C’est la troisième île de Nouvelle-Zélande de par sa superficie, mais elle n’accueille pas plus de 300 habitants – avec une moyenne de 0,22 habitants au km².
Se rendre sur cette île se révéla être une mission très compliquée : il faut d’abord se rendre à Invercargill, une ville pas loin de la côte Sud, puis prendre une navette jusqu’à Bluff, un tout petit village au bord du détroit réputé pour ses huîtres et son inactivité mortelle, puis prendre un ferry au prix exorbitant pour traverser le détroit de Foveaux et arriver enfin sur Stewart Island.
Le seul avantage de tout ceci, regardons le bon côté des choses, c’est que, étant mal faite pour les touristes de base, on ne trouve sur cette île que les locaux et quelques étrangers venus exprès pour la randonnée. Autant dire que nous avons été au calme.

Détroit de Foveaux
 Sur l’île, il y a un village : Oban. Le reste du territoire est occupé par une réserve naturelle où seul le DOC (Département de Conservation) passe de temps à autre pour entretenir des chemins de grande randonnée. Après un rapide « coucou » au bureau de conservation de l’île pour leur dire qu’on allait se perdre dans la nature, c’est parti : nous partons sur les chemins à travers la jungle, le long d’une côte sauvage et accidentée.



Première nuit à Port William, au gîte bien-nommé de « Potirepo ». La hutte se trouve au bord de la plage dans une baie où il y eût autrefois un port et une scierie, pour importer du bois vers l’île du Sud. Mais ce n’était pas rentable, alors tout est tombé à l’abandon et la nature a repris ses droits.

Le lendemain, nous quittons le grand sentier bien entretenu pour s’aventurer plus avant dans la forêt sauvage. Le temps change à une vitesse incroyable : il peut pleuvoir une moyenne de 30 fois par jour, avec un grand beau temps entre chaque averse de 5 à 10 minutes chacune. La « rainforest » est luxuriante et difficile à pénétrer, avec des passages si boueux que nous devons quitter le sentier et nous frayer un chemin entre les lianes, les souches pourries et d’immenses fougères.

Parfois nous marchons sur la plage, quand le relief le permet. Nous admirons des arcs-en-ciel à ne plus pouvoir les compter, des lumières fantastiques et parfois quelques oiseaux natifs venus se moquer de notre lente progression entre les arbres.

Et quand on arrive à la hutte, minuscule, froide et mal isolée, il faut encore faire le feu que nous entretiendrons toute la nuit jusqu’à ce que le jour nous rapporte un peu de chaleur. Mais quelle beauté, quelle magnifique impression que d’être là où personne ne va – surtout en hiver ! – loin de toute civilisation, bercés uniquement par le doux roulis des vagues et le bruissement du vent dans la canopée. Une nuit, vers minuit, des kiwis, joueurs, vinrent se faire entendre non loin de la cabane – mais impossible d’en voir la silhouette. Ils sont sur cette île comme sur leur dernier bastion ; c’est là qu’ils sont le plus nombreux, aussi.

Avec cette extraordinaire expérience, je crois que j’ai atteint ce que j’étais vraiment venu chercher aussi loin de chez moi : la nature comme elle était avant nous, le sauvage et l’impénétrable. Mais aussi l’occasion de se retrouver soi-même.
Un tomtit

1 commentaire:

  1. Donx tu as finis par te retrouver toi-même... Mais du coup nous aussi puisque tu es rentré. En fait, il suffisait de partir pour revenir, alors que quand on se recherche, on ne se trouve pas toujours ! En plus, si pendant la marche, tu t'étais perdu, on ne t'aurais peut-être pas retrouvé. Toi par contre, tu aurais pu te retrouver sans te trouver,ou encore te trouver sans te retrouver (ce qui n'aurait pas servi à grand chose, puisqu'on ne t'aurais pas retrouvé)...

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